Face aux risques naturels, vigilance et entretien pour assurer la sécurité de tous

Photo : Mathieu Liniger – Département du Doubs

Pour consolider la RD105, à Abbans-Dessous, suite à un glissement de terrain, les travaux ont consisté en 2019 à l'installation de 52 pieux à huit mètres de profondeur.

Chutes de pierres, glissements de terrain, cavités karstiques... les agents du Département du Doubs travaillent tout au long de l’année pour surveiller et anticiper ces aléas naturels dus aux spécificités géologiques du territoire

De l’installation d’une paroi ancrée à plusieurs mètres de profondeur pour soutenir une route à l’entretien des petits filets collés contre les falaises… en 2019, quatorze chantiers ont été réalisés aux abords des routes pour parer aux risques naturels (détails sur la carte). Mathieu Liniger, géologue de formation et chef de service adjoint du Service central d’ingénierie routière au Département, rencontré en février dernier, précise : « Dans les sols du Doubs, nous constatons le plus souvent deux types de couches géologiques, soit de la marne, sensible aux infiltrations d’eau et aux glissements de terrains, soit un sol calcaire, qui peut notamment entrainer des chutes de pierres. La majorité des risques présents sur le territoire sont répertoriés et les sites sont régulièrement vérifiés par les agents des routes. »

Anticipation

Les travaux pour parer aux risques naturels sont, le plus souvent, anticipés bien en amont et les solutions ont été discutées et travaillées en collaboration avec les collectivités locales. « Entre le moment où un point sensible est constaté et le début du chantier, il peut y avoir de nombreux mois, voire quelques années. Ce type de travaux à engager est conséquent, aussi bien par son coût que par les incidences sur les usagers des routes. C’est pourquoi nous recherchons toujours une solution durable. Bien entendu, si un événement arrive brusquement et que la sécurité est engagée, nous mettons en place une solution provisoire ou, si nécessaire, nous fermons la route », explique Mathieu Liniger.

Des solutions pérennes

Les procédés utilisés lors de ces chantiers, effectués par des entreprises spécialisées, sont impressionnants : des clous forés horizontalement dans la roche sur plusieurs mètres de longueur pour atteindre un endroit stable, des pieux enfoncés profondément dans le sol pour atteindre des couches plus dures. Les moyens mis en œuvre sont considérables et assurent la sécurité des usagers sur le long terme. À Cour-Saint-Maurice par exemple (voir carte) le procédé utilisé en 2019 a été dimensionné pour soutenir la RD464 pendant les 100 prochaines années. Cependant, sur certains sites, malgré les précautions prises, il est parfois impossible d’anticiper tous les aléas naturels.

14 chantiers réalisés en 2019

Infographie : Claire Giacomel

TÉMOIGNAGE : Exemple à Goumois - entretien au-dessus de la RD437B

Le 15 mars 1986, les circulations d’eau à travers les calcaires karstiques du relief ont provoqué une déstabilisation du terrain sur une pente de plus de 40 degrés. Une véritable avalanche de blocs et de terre argileuse a soudainement recouvert la route située en contrebas : 100 000 m3, soit l’équivalent de la capacité de 4000 semi-remorques. La terre ne cessa de glisser qu’à la fin de l’année 1986. Rencontre en février dernier avec Nicolas Duquet, assistant technique à l’Espace de gestion routière (EGR) de Maîche, dont une des missions est la surveillance et l’entretien de ce secteur.

Quelle fut la solution adoptée à ce moment-là ?

Les travaux pour sécuriser les lieux ont consisté à purger la falaise puis à creuser une très large et très profonde fosse ainsi qu’un merlon (une digue) haut de quatre mètres et surmonté de filets anti sous-marin (appelés ainsi parce qu’utilisés dans les ports pendant la 2e guerre mondiale). Ainsi, quand les pierres chutent, elles s’arrêtent le plus souvent dans cette fosse. Parfois, certaines arrivent à passer par-dessus ; dans ce cas, elles sont arrêtées par les filets. »

Comment est assurée la sécurité de cette route depuis ?

Cette installation de 1988 permet une sécurité optimale pour les usagers de cette route. La fosse a été vidée deux fois depuis son installation par une entreprise spécialisée et nous venons régulièrement pour constater son remplissage et pour vérifier l’état des câbles, des freins et des filets.

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