Homme d’engagement et de convictions, Léonel de Moustier incarne ces figures discrètes mais essentielles de notre histoire. Parlementaire fidèle à la République, président du Conseil général du Doubs dévoué à son territoire, résistant jusqu’au sacrifice ultime, il fit preuve d’un courage exemplaire à chaque étape de son parcours. Samedi 8 mars, nous avons commémoré les 80 ans de sa disparition.
UN SERVITEUR DU DOUBS ET DE LA REPUBLIQUE
Élu conseiller général du canton de Clerval en 1910, Léonel de Moustier devient président du Conseil général du Doubs en 1935. Dès son arrivée à la tête du Département, il se distingue par une politique tournée vers le développement agricole et l’amélioration des conditions de vie des habitants. Vice-président de la chambre d’agriculture du Doubs, il œuvre pour la modernisation des pratiques agricoles et le soutien aux exploitants, convaincu que la prospérité du département passe par le dynamisme de ses campagnes.
Sous sa présidence, le Conseil général du Doubs engage également des actions pour améliorer le quotidien des habitants. Son rôle de député à partir de 1928 lui permet de défendre les intérêts du Doubs à l’échelle nationale et d’œuvrer pour que son territoire bénéficie des avancées de la République.
BOURNEL, FOYER ACTIF DE LA RESISTANCE
Scandalisé par l’armistice de 1940, il fait partie des 80 parlementaires qui, le 10 juillet 1940, refusent les pleins pouvoirs à Pétain. De retour ensuite dans le Doubs, à Bournel, il en fait un foyer actif de la résistance dès 1941. Le colonel Maurin, chef régional de l’Organisation de résistance de l’armée, lui confie même le commandement militaire de l’arrondissement de Baume-les-Dames. Entré dans les Forces françaises combattantes (FFC) en janvier 1943, une de ses missions est la recherche des terrains de parachutages.
REFUSANT LE TRAITEMENT DE FAVEUR
Le 23 août 1943, Léonel de Moustier est arrêté par la Gestapo à la suite de l’expulsion par les autorités helvétiques d’un officier américain dont il avait assuré le passage en Suisse. Il passe sept mois à la prison de la Butte à Besançon avant d’être transféré à Compiègne puis, en juillet 1944, au camp de Neuengamme en Allemagne. Refusant le traitement de faveur auquel il peut prétendre en sa qualité de parlementaire, il est astreint aux travaux les plus pénibles. Interné au camp de Farge, kommando de Neuengamme, il meurt le 8 mars 1945 d’épuisement et de privations, peu de temps avant la libération du camp par les Alliés. Le marquis Léonel de Moustier est inhumé à Bournel.
UNE MEMOIRE QUI NOUS ECLAIRE ENCORE AUJOURD’HUI
Léonel de Moustier incarne l’engagement total, celui d’un homme prêt à tout sacrifier pour ses principes et pour son pays. Son action à la tête du Département du Doubs, son combat pour la liberté et son courage face à l’oppression doivent rester dans nos mémoires. Se souvenir de lui, c’est rappeler que l’honneur et le devoir ne sont pas de vains mots, mais des exigences qui, en temps de crise, façonnent le destin des hommes et des nations.