À la rencontre des Sangliers

Photo : Laurent Cheviet

Elie part, presque quotidiennement, prélever ces fameuses sangles sur des troncs bien droits d’épicéa.

Chez les Salvi, c’est une histoire de famille. En forêt, le fils Elie et à l’atelier, à Vaux-et-Chantegrue, Annabelle et Patrick, les parents, le grand-père n’étant jamais très loin. « C’est ce qui fait notre force ! J’ai toujours travaillé avec mon père. Il était bucheron et faisait aussi des sangles mais en petites quantités pour le local, raconte Patrick. Le métier de sanglier n’existait alors pas. Il est apparu dans les années 1980 lorsque la demande est devenue plus importante. J’ai pris la suite à sa retraite, j’allais toujours en forêt…». Aujourd’hui, c’est Elie qui part, presque quotidiennement, prélever ces fameuses sangles sur des troncs bien droits d’épicéa, avec cette difficulté à trouver des lots et des bois qui ont changé, du fait du réchauffement climatique.

Métier physique

Été comme hiver, sauf pendant quelques semaines, Elie fait ce travail de sanglier, unique, qu’il a appris sur le terrain avec son père, il y a 12 ans, et qu’il a appris à aimer avec le temps. « C’est une grande fierté. J’ai beaucoup d’admiration pour ce qu’il a fait et ce qu’il m’a transmis : aller au bout des choses, avoir du courage ». Et du courage il en faut pour exercer ce métier très physique. Dès six heures du matin, il s’affaire, à mains nues « pour mieux sentir et ressentir le geste, même si l’hiver, c’est plus dur ». Il commence par l’écorçage en retirant avec une plumette l’écaille de l’écorce, le « yar », puis le sanglage qui consiste à prélever avec une cuiller, sur la partie blanche, des sangles régulières et au préalable dimensionnées. « Je dois m’adapter en permanence en fonction du bois, là où une machine ne le ferait pas. Et si je m’applique en forêt, je fais gagner du temps à mes parents».

Esprit artisanal

Le travail se poursuit en effet à l’atelier où Annabelle calibre les sangles et les attache par paquet de 25, pour ensuite les faire sécher à l’extérieur ou suspendues dans le séchoir durant quatre jours, jusqu’à devenir cassantes. Patrick, lui, est à la manœuvre pour la fabrication des targes, bandes qui font le tour des boites. Vient enfin l’assemblage avec une agrafeuse à fil, pour donner vie à ces traditionnelles boites : 80 000 en moyenne par an ! Fromages mais aussi savons, aromates, chocolats… l’utilisation est diverse et les commandes viennent de partout, France, Norvège, Irlande… La plus grande satisfaction pour Patrick, « continuer d’avoir cet esprit artisanal ! ». Un savoir-faire qu’ils aiment faire connaître et partager en proposant des visites organisées avec le label « Made in chez nous » de Doubs Tourisme.

Pour les contacter : Tél. 03 81 69 65 90 ; www.artisansanglier.com